22 avril 2024
Alexandre Haslin
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Jeu excessif : identifier ses déclencheurs pour mieux les gérer

Pour reprendre le contrôle sur ses habitudes de jeu, il est bien de prendre conscience que de nombreuses choses de notre vie de tous les jours peuvent, consciemment ou inconsciemment, être associées au jeu dans notre esprit. Elles peuvent alors déclencher de soudaines envies de jouer, consciemment ou non. C’est pourquoi on les appelle des « déclencheurs ». Voici huit des principaux déclencheurs qu’il est important de savoir reconnaitre s’ils s’appliquent à vous, et quelques astuces pour apprendre à les gérer.

 

Qu’est-ce qu’un déclencheur?

Dans notre vie de tous les jours, il y a des choses que l’on associe entre elles, que ce soit par goût, par habitude, par notre éducation… Prenons l’exemple d’une tarte aux pommes. Imaginons que durant toute votre enfance, on servait la tarte aux pommes accompagnée de crème glacée. Pour vous, ces deux choses vont naturellement ensemble pour en faire un dessert. Elles sont alors associées. Puisqu’elles sont associées, vous avez continué à les servir ensemble une fois adulte.

Imaginons encore qu’un problème de santé vous oblige à réduire votre consommation de sucre. Votre médecin vous le recommande fortement : entre la tarte aux pommes et la crème glacée, vous devrez choisir. La consigne paraît simple et pourtant : dès votre première sortie au restaurant, sans même vous en rendre compte, vous avez commandé de la crème glacée avec votre tarte aux pommes. Dans les semaines qui suivent, vous réalisez qu’il est difficile de briser l’association entre ces deux choses, de les dissocier. Quand une part de tarte aux pommes est servie dans votre assiette, vous ressentez une forte envie d’y ajouter l’élément manquant : la crème glacée.

La tarte aux pommes déclenche l’envie de crème glacée : la tarte aux pommes est devenue un déclencheur.

 

8 situations qui peuvent être des déclencheurs

Pour les personnes qui jouent aux jeux de hasard et d’argent, et notamment pour celles qui sont confrontées à un problème de jeu excessif, beaucoup d’éléments du quotidien peuvent créer des associations : une émotion particulière, un moment précis dans la semaine, une sollicitation, un contexte personnel… Pour certaines personnes, quand une de ces conditions apparait, le goût de jouer va suivre. Ces conditions associées seront devenues des déclencheurs. En voici huit exemples dans lesquels vous pourriez vous reconnaitre, et qu’il est important d’identifier.

1. L’argent

L’accès à l’argent est un puissant déclencheur, surtout si on pense pouvoir gagner plus ou récupérer ce qu’on a perdu. Pour certaines personnes, le jour de la paye peut provoquer une forte envie de jouer rapidement cet argent.

Astuce : établissez un budget strict et faites en sorte de vous y tenir. Si vous avez besoin d’aide pour établir votre budget, vous pouvez demander de l’aide gratuitement auprès d’une Association coopérative d’économie familiale (ACEF). Certaines d’entre elles proposent également des grilles à télécharger pour faire vous-même votre budget. Pour un meilleur contrôle de vos finances, vous pourriez également confier la gestion de ce budget à une personne de confiance.

 

2. Les lieux et plateformes de jeux

Les environnements de jeu, comme les casinos, les bars avec appareils de loterie vidéo… peuvent être de forts déclencheurs pour les joueurs et joueuses. Pour certain-es, apercevoir les lumières scintillantes du casino peut déjà provoquer l’envie de jouer. Pour d’autres, cela peut même être la simple vue des « gratteux » au comptoir du dépanneur.

 

3. Les pensées erronées

Difficile de résister à l’envie de jouer lorsqu’on est convaincu que la prochaine sera la bonne, qu’une bonne stratégie finit toujours par gagner ou que le jeu est le seul moyen de résoudre ses problèmes financiers. C’est ce qu’on appelle des pensées erronées, ou encore de fausses croyances, comme une petite voix qui vous parle de l’intérieur et qui vous donnes de fausses-bonnes raisons d’aller jouer : « je mérite bien ça » ou « on ne peut pas perdre tout le temps…je vais sûrement finir par gagner ».  Et il est facile de se laisser prendre au piège.

Astuce : pour lutter contre les pensées erronées, il est important de bien les identifier pour ensuite apprendre à les changer. Si vous avez besoin d’aide pour y parvenir, écrivez-nous dans le clavardage en bas de l’écran, ou appelez-nous au 1 800 461-0140.

 

4. Le temps

L’ennui et le surplus de temps libre peuvent mener à des comportements de jeu comme moyen de divertissement. Structurer son emploi du temps avec des activités enrichissantes et sociales est une excellente manière de diminuer l’attrait du jeu.

Astuce : planifiez des activités pour occuper votre esprit autrement, que ce soit par des tâches ménagères ou toute autre activité divertissante : aller au cinéma, pratiquer un sport, prendre un café avec des ami-es.

 

5. Les émotions

Le jeu est souvent utilisé comme une échappatoire pour gérer le stress, l’anxiété, la dépression ou l’isolement social. Identifier des stratégies saines de gestion émotionnelle, comme le sport, la méditation ou le soutien psychologique, est essentiel pour rompre ce cycle.

Astuce : identifiez quelles émotions vous donnent le plus envie de jouer, et élaborez des stratégies pour les gérer d’une autre manière, par exemple grâce au sport, à la méditation ou en allant chercher un soutien psychologique. Là encore, contactez notre équipe si vous avez besoin d’aide.

 

6. L’entourage

Les influences sociales jouent un rôle significatif. Si l’on côtoie des personnes qui jouent beaucoup, il peut devenir difficile de ne pas jouer. La pression ou l’encouragement au jeu par des proches peut renforcer la dépendance.

Astuce : faites part à votre entourage de votre volonté de reprendre le contrôle sur le jeu. Si nécessaire, limitez les interactions avec les personnes qui ne sont pas prêtes à accepter vos nouvelles habitudes de vie et vous encouragent à les accompagner dans le jeu.

 

7. Les drogues

La consommation de substances peut modifier le jugement et favoriser les prises de risques, y compris le jeu compulsif. En effet, les substances comme l’alcool ou d’autres drogues peuvent réduire la résistance à d’autres déclencheurs, ou pousser à miser de plus gros montants sans se soucier des conséquences, qu’il faudra pourtant assumer le lendemain.

Astuce : bien sûr, mieux vaut éviter de consommer des substances si l’on a conscience qu’elles conduisent au jeu excessif.

Si la consommation de substances est aussi problématique pour vous, il est intéressant d’aborder les deux sujets de front à l’aide d’un-e professionnel-le. Contactez-nous pour en savoir plus. Notre équipe est qualifiée pour répondre aux problèmes de jeu excessif, mais aussi de consommation de substances via le service Drogue : aide et référence.

 

8. Les sollicitations

Être invité par ses collègues à une soirée casino. Avoir un groupe d’ami-es qui aime pimenter les matchs de hockey avec des paris. Recevoir une infolettre avec la dernière promotion d’un site de jeux en ligne… Les sources de sollicitation sont nombreuses pour les personnes qui ont des problèmes de jeu excessif.

Astuce : commencez par vous désinscrire des infolettres qui vous sollicitent ouvertement pour des jeux en ligne. Au besoin, vous pouvez également vous autoexclure du site espacejeux.com de Loto-Québec. Quant aux ami-es et collègues, n’hésitez pas à décliner une invitation si vous croyez que la tentation sera trop grande, sans forcément faire état de votre rapport au jeu si vous ne le souhaitez pas. Une sollicitation est une invitation au premier pas.

 

Vous reconnaissez des déclencheurs? Faites-vous aider pour les gérer

Reprendre le contrôle sur le jeu passe par un ensemble de stratégies qui varient d’une personne à l’autre. Identifier, comprendre et gérer ses propres déclencheurs est une excellente stratégie, qui s’ajoute à une panoplie d’autres outils, comme la balance décisionnelle, la compréhension des mécanismes de dépendance, l’identification des fausses croyances ou encore de certains pièges.

N’oubliez pas qu’une dépendance au jeu s’installe progressivement, sans que l’on ne s’en rende vraiment compte, et qu’une fois à un certain point, la volonté ne suffit plus. La dépendance, c’est quand la volonté manque de volonté.

Si vous souhaitez en savoir plus ou obtenir de l’aide, pour vous-même ou un-e proche, contactez notre équipe en utilisant le clavardage en bas à droite de l’écran ou par téléphone au 1 800 461-0140. Notre service est gratuit, confidentiel et accessible 24/7.

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